« Ai-je réellement dansé ces dernières années ? » L’artiste regarde en arrière et doute. Et au fond, qu’est-ce que la danse ? Faustin Linyekula cherche dans les livres, dans des personnages tutélaires mais en vain, il ne trouve que les réponses des autres. À lui de poursuivre sa propre quête. Pour lui, les origines de la danse sont à chercher du côté d’Obilo, dans son village d’enfance au Congo, que sa famille a fui sous la dictature de Mobutu. Faustin Linyekula ose, avec « Le Cargo », un seul-en-scène autobiographique à mi-chemin entre le conte et la danse. La musique est délicate, la prise de son documentaire de son retour à Obilo touchante, avec le crissement des insectes, les rires du village.
Malheureusement, Faustin Linyekula ne trouve rien, ou pas grand-chose. Les danses rituelles qu’il a seulement entendues dans son enfance – on intimait aux enfants de se coucher lorsqu’elles avaient lieu à la tombée de la nuit –, ont disparu. Dans une scène très belle où l’interprète fantasme ces danses, son ombre se démultiplie, comme si les fantômes du passé pouvaient être ravivés, le temps d’une transe. Le sujet est poignant, mais le résultat trop maigre. La mécanique du spectacle s’essouffle avec la répétition en voix off du texte du début, même si on comprend qu’il s’agit des obsessions et des interrogations de l’artiste sur la danse, le déracinement culturel, la crise congolaise, le temps qui passe. Faustin Linyekula, ne devenez donc pas un de ces produits fades de la création contemporaine. Montrez-nous un peu plus de votre folie, de vos tripes, car des choses fortes, vous en avez tant à raconter que vous sauriez en faire des livres !