Avec beaucoup d’intelligence, Cécile Magne ravive à nos mémoires Jacqueline Maillan, femme au caractère trempé qui envahit l’esprit comme une maladie salvatrice. Le quotidien morne de la jeune patiente se trouve bousculé par cette figure unique du théâtre, cabaret et cinéma français ; d’abord à la manière d’un parasite intempestif puis comme échappatoire bienvenue. La très belle voix – parlée et chantée – de Cécile Magne, accompagnée avec justesse par Filippo Fabbri au piano, déroule un texte joliment tourné au sein d’une forme courte et plutôt bien maîtrisée. Avec un petit air de cabaret rafraîchissant, on se laisse facilement prendre au jeu de cette oscillation entre tracas quotidiens et délires mystérieux, jusqu’au point de non retour : accepter « la Maillan en soi », c’est accepter sa propre liberté et faire fi du regard des autres.