© Romain Kosellek

Kohlhaas, fable bien connue de la mythologie germanique, raconte le désarroi et la révolte d’un marchand de chevaux du XVIe siècle qui, victime d’une injustice, abandonné par l’Etat, va entreprendre de compenser le préjudice, rendant sa vengeance paradoxalement légitime. De ce conte fondateur, la comédienne Viktoria Kozlova propose une interprétation particulièrement vivante, dans laquelle sa présence claire et blonde contraste avec la détermination sombre de Kohlhaas : formidable jeu qui ne dissout par le personnage dans la comédienne mais donne le sentiment d’assister à leur rencontre, d’autant plus émouvante qu’ils sont loin l’un de l’autre. On imagine très bien la comédienne, brillamment expressive, au galop sur un cheval, dans le sillage de Kohlhaas, tant son énergie physique se déploie au fur et à mesure de l’intensité épique. Sa voix gouailleuse, sa pointe d’accent slave, donnent au spectacle le charme d’une légende dont la conteuse, après avoir ouvert une brèche d’imaginaire, disparaitrait aussitôt.