Trois petits tours et puis s’en vont

Dinamo

Dinamo Tolcachir

Dinamo Tolcachir D.R.

Tout commençait pourtant bien. La belle vue en coupe de cette caravane hippie sur le plateau invite au voyage ou à la fuite, quelque part en marge du monde. Claudio Tolcachir est connu pour ses mises en scène trash et drôles – on se souvient du « Cas de la famille Coleman » en 2014 au théâtre du Rond-Point –, et l’on imagine déjà toutes les situations ubuesques que ce lieu où tout est donné à voir peut engendrer. Créer des attentes, c’est bien, mais encore faut-il ensuite contenter l’appétit de son public. Car c’est bien là le nœud : en sortant de ce court « Dinamo », on a faim, frustrés du si peu et du si maigre. Le propos du trio d’auteurs est de parler de la solitude d’un trio d’actrices. Elles se retrouvent ensemble dans ce petit espace clos, chacune avec ses névroses, incapables de communiquer. Les profils sont atypiques : l’ex-chanteuse de rock en manque d’inspiration et d’amour reçoit la visite de sa nièce, ancienne championne de tennis en manque d’amour et de projets à qui vient se greffer une clandestine au langage obscur cachée dans les placards ou sur le toit, en manque de place et de vie. Musique live et blagues de boulevard à tous les étages, la déception et l’ennui gagnent très vite le terrain vague. Dommage, la rencontre ou la non-rencontre entre ces univers tombe à l’eau, les interactions sont pauvres et les ressorts dramaturgiques trop faibles. Ce n’est ni drôle ni trash, simplement creux (à ne pas confondre avec le profond ; la différence est parfois si ténue…) et d’un ennui si peu poétique qu’il est légitime de constater que n’est pas Phillippe Quesne ou Gisèle Vienne qui veut, et que la poésie du rien au théâtre, c’est quand même quelque chose.