La fragilité de l’équilibre

DFS

© François Chaignaud

À l’admiratrice que je suis du travail de Cecilia Bengolea et de François Chaignaud est apparue la corde raide sur laquelle ces deux chorégraphes avancent, juchés sur pointes, et de laquelle, à mon humble avis, ils sont tombés en créant « DFS ». Il y avait, malheureusement, dans ce spectacle un arrière-goût d’accaparement culturel qui n’existait miraculeusement pas dans les autres. Tout se joue, il me semble, dans l’intention. Dans « Dub Love », les interprètes avaient le visage fermé, concentré, et paraissaient tournés sur eux-mêmes. Ils paraissaient en constant état de recherche et d’expérimentation. Le twerk n’était alors pas une culture d’emprunt, n’était pas sorti de son contexte puis exhibé mais, au contraire, était l’occasion de questionner l’équilibre, la sollicitation de nouveaux muscles, la recherche d’une nouvelle conception de la grâce. Cette justesse dans l’attitude n’a pas opéré dans les corps des trois danseuses classiques admirables de perfection technique et au sourire figé de « DFS ». Le mouvement s’offre désormais à nous comme un objet fini, comme une nouvelle esthétique inventée et non plus avec l’humilité de la recherche. Cette expérience de la fragilité du travail de Cecilia Bengolea et de François Chaignaud a révélé le risque qu’il comporte. Ces deux chorégraphes ont fait le choix de danser sur une lame à double tranchant. On ne peut alors que les remercier et en demander plus, car, sur des pointes ou assis dans la salle, la fragilité de l’équilibre, c’est toujours passionnant.