Mort de Dieu/permanence de l’Homme

©Titanne

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« Que la révolution est vaste. » Cinq mots qui résonnent fort comme la mort mais doux comme l’espoir, quand ils s’inscrivent en lettres blanches sur ce mur noirci par l’amas des névroses du siècle. Mais surtout, cinq mots qui résument à merveille cette pièce d’art et l’histoire de l’Homme, éternellement étouffé par le poids du passé qui l’empêche et toujours occupé par l’immensité contenue dans l’espoir d’un avenir infini. C’est alors en performeur ange de la mort et victime de son temps que Taoufiq Izeddiou arrive sur scène et vacille sur le fil rouge de l’intenable questionnement de nos vies ; ou comment vivre pleinement ce monde qui tue, sans participer au massacre, sans se tuer soi-même ? En artiste d’aujourd’hui, il propose deux solutions : l’Art, ou les dieux. Les dieux qui pleuvent et dont les noms descendent du ciel comme autant de gouttes de pluie ou de larmes sur nos joues. C’est beau, mais voilà des siècles qu’on meurt de parler au ciel ! Alors, l’Art comme l’arme féconde qui explose nos bêtises et nos égoïsmes. L’Art comme espace où l’enivrement des siècles apostoliques n’est jamais parvenu à détruire l’intelligence du soi. Eurêka ? Bien sûr que non ! Car quand la guitare électrique rencontre le guembri, ce sont toutes nos différences qui s’entrechoquent, et la mort encore, qui rôde. Alors on fait quoi, maintenant ? On achète des actions chez Peter Thiel en espérant devenir immortel ? Eh bien non. Mort de l’Art… naissance de l’Homme. Car ici, sur la scène de ce bâtiment sordide, symbole de la dégénérescence d’un monde où même les vendeurs de kebabs font promesse d’au-delà, c’est bien l’Homme que l’artiste présente comme unique issue de secours au malheur qui va. Essoufflé, Taoufiq Izeddiou nous le dit : « Their God comes. My God leaves. » Mais nous, on reste. Et c’est aussi ça, le Théâtre : la mort de Dieu, la permanence de l’Homme.