Libre comme Hulul

Hulul

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Voilà un spectacle jeune public qui déménage. D’abord parce qu’il n’est pas à destination unique d’un public jeune, et ensuite parce que c’est à une visite augmentée et hallucinée de la maison d’Hulul que l’on assiste, naviguant entre rire, incompréhension, lâcher-prise et poésie du quotidien. Subtile mixture qui se laisse absorber sans se presser, portée avec étrangeté par la présence hypnotique de Marion Duval, loseuse libre et attachante en short Marvel, qui soliloque sur la solitude irréductible de l’être humain, sur la beauté âpre du temps qui passe et sur les amitiés versatiles avec une nonchalante désinvolture étonnamment désirable. Après le passage en revue des derniers travaux home made, nous assisterons à la cérémonie du thé aux larmes, où il s’agira de s’inquiéter du devenir de la purée lorsque les yeux sont plus gros que le ventre, ou du sort de son kebab préféré, dont la simple évocation provoquera une tristesse viscérale qui empêchera même les mots de s’échapper des sanglots. Très vite, les murs de la maison deviennent trop étroits pour tant de rêves et de talents, et il faudra les détruire à coups de balançoire ou monter sur le toit et tutoyer la Lune et l’hiver. Foutraque et résolument contemporaine, « Hulul » ne se laisse cloîtrer dans aucune case, et ces spectateurs si exigeants que sont les enfants ne s’y trompent pas ; connectés comme une évidence avec cet univers absurde, ils partagent avec joie ce morceau de terrain vague peuplé de mille sentiments.