Premier rendez-vous manqué

Wycinka Holzfällen - Des arbres à abattre

Des arbres à abattre

© Natalia Kabanow

Tout au long du festival, cette rubrique va essaimer les « coulisses » des pièces commentées ici en focus : nous allons recueillir les témoignages de technicien(ne)s, chargé(e)s de prod’, administrateur(trice)s, costumier(ère)s, régisseur(se)s, comédien(ne)s, musicien(ne)s, vidéastes, scénographes, auteur(e)s, traducteur(trice)s, chorégraphes, éclairagistes, spectateur(trice)s, ouvreur(se)s… de tous ceux qui font exister les spectacles et qu’on a plus rarement l’occasion d’entendre.

Louper Lupa ou chronique d’une rencontre ratée

Pour la première édition de cette rubrique, j’ai sprinté à la FabricA, couru après l’équipe de Krystian Lupa, cavalé au site Louis Pasteur pour le pot de première, mais, dans la forêt du festival, les arbres ne sont pas si faciles à abattre. C’est l’histoire d’une rencontre manquée avec l’équipe de Lupa. Arrivée sur les lieux à 23 heures pétantes en brandissant moitement mon carton d’invitation, je cible d’emblée un des comédiens de l’équipe, Michał Opaliński (qui joue le jeune artiste à lunettes), discutant avec un autre comédien qu’il vient de rencontrer, avignonnais d’origine, qui joue dans le OFF sur un tout autre projet. Je l’aborde, il me reçoit très gentiment, on parle quelques minutes de la chaleur, de la clim et de la neige en Pologne, je le félicite, on trinque, il me promet une entrevue un peu plus tard dans la soirée. Ravie, je me détends, grignote et bavarde à droite et à gauche en attendant, puis me décide à le retrouver, et là… disparu. J’écume le jardin dans tous les sens, dévisage tous les types à crête et à lunettes, introuvable – sa troupe ne l’a pas vu non plus. Dépitée, je siffle un dernier verre et rentre bredouille… Enfin pas totalement, puisque les artistes, organisateurs et journalistes rencontrés durant la soirée ont manifesté leur enthousiasme pour ce projet… Je me dis que ça ira mieux demain… Et en effet, vous verrez, dans le numéro de demain, deux beaux témoignages vous seront livrés…

Motus dans l’bus

Mais il s’agit aussi de prendre le pouls des festivaliers, en l’occurrence le public de cette première de 4 h 30 pas remplie à craquer mais vivement acclamée. Dans le bus qui nous ramène de la FabricA (notez qu’on peut prendre le bus 10 aussi bien que le 2, on l’attrape au même endroit, face à la gare centrale), j’interroge Jean-Pierre, la cinquantaine, venu seul. Il est là d’abord pour Thomas Bernhard, pour lequel il a une « prédilection ». Il a bien retrouvé dans cette mise en scène son amour-haine de Vienne et son esprit incisif, même si le surtitrage fait perdre un peu de la richesse de l’écriture. L’adaptation d’un roman est un pari difficile, et selon lui Lupa l’a brillamment tenu. La scénographie multiforme, très léchée, soignée, lui a beaucoup plu. Il avait raté Lupa en 2003 du fait de la grève, et c’est, pour lui, une rencontre réussie… Son anecdote : Lupa a découvert Bernhard assez tard et l’a dévoré avec la passion d’un adolescent… Je le remercie, lui qui disait n’avoir pas grand-chose à dire…