« Et j ai crié Aline… » Thierry Romanens et Format A3 / DR

Tout commence comme chez Philippe Quesne avec l’apparition furtive d’une taupe musicienne et finit avec Christophe qui tente une dernière fois d’appeler son Aline. Pourtant, le texte éponyme de Ramuz, sédiment du spectacle, est loin d’être dans la blague et encore moins trempé dans la pop culture ; symphonie pastorale du tout début du 20e siècle, il condense dans un récit sobre et champêtre le destin banalement tragique d’une jeune fille simple, éprise puis abandonnée. Rien de lui sera épargné, déception, grossesse précoce, rejet de la société et morts choisies comme délivrance. Pourtant Thierry Romanens, en maître de cérémonie, use et abuse du méta-théâtre, multipliant les adresses public et le comique de répétition comme si ayant peur du poids du texte il cherchait une voie(x) pour la légèreté. Accompagnés par l’ensemble jazz Format A3 et par un chœur de femmes polysémique (elles chantent et pourraient aussi parfois évoquer le Coryphée), c’est donc à une comédie musicale tout public que nous assistons, ne sachant plus très bien si l’on doit rire ou pleurer. Chahutés dans notre appréciation du propos, il reste cependant une scène remarquablement réussie qui, enfin, fait confiance à l’auteur et au public. De l’accouchement à l’infanticide jusqu’à la mort maternelle et aux enterrements qui suivent, la densité nécessaire advient sur scène et tous les protagonistes conscients soudain de leur partition dramatique conçoivent des images saisissantes et laissent le théâtre prendre en charge sa mission de purgation.