Vacuité

Pédagogies de l’échec

Pédagogies de l'échec

D.R.

C’est un théâtre qui ne dit rien. Ou si peu. Alors pour masquer sa vacuité, il use (et abuse) de trucs et de bonnes vieilles ficelles aussi fines que les câbles d’un porte-avions ! Un exemple ? Au hasard, et de mémoire : elle : « Vous avez une tache jaune ! », lui : « Comment ça, une tache jaune ? », elle : « Je vous dis que vous avez une tache jaune ! », lui : « Ce n’est pas une tache jaune, c’est un motif ! », elle : « Je sais tout de même reconnaître une tache jaune d’un motif ! » Et ainsi de suite… ad nauseam !

Pour le reste, le spectateur assommé par la chaleur et l’indigence du propos assiste à une suite de saynètes qui ne déparerait pas une scène de boulevard. Ponctuée de temps en temps par une vanne (il faut bien que le chaland se marre : une heure et demie, c’est long !). Vous en voulez une ?

Qu’à cela ne tienne ! « Pour le pipi (il est beaucoup question ici de pipi), comment on fait ? » Une autre encore, plus inspirée (pas très difficile !) ? « Je ne suis tout de même pas l’Adolf Hitler du secteur tertiaire ! »

Wouaf, waouf, wouaf ! Mort de rire !

Et le pire, c’est que ce théâtre est suffisant (et insuffisant, comme aurait dit Talleyrand) ! Terriblement prétentiard !

Qu’est donc devenu le jeune homme édité par Maurice Nadeau, l’auteur inspiré de « Moi aussi je suis Catherine Deneuve » ?

Quel dommage pour les deux comédiens ! Ce n’est pas le talent qui leur manque, ni au metteur en scène et scénographe, qui s’en sort plutôt bien. Mais quand il n’y a pas de texte, il n’y a pas de pièce !

On se demande où ce spectacle pourrait bien trouver sa place à Paris. Au Rond-Point, peut-être ?

La salle était pleine quand j’y suis allé, et plutôt encline à l’enthousiasme.

On ne peut s’empêcher de penser à cette phrase implacable et assassine : « Le public a aimé ? Il est bien le seul ! »