Ce qu’il faut comprendre, avec Simone Aughterlony et Jen Rosenblit, c’est que le concept « d’autrice », elles s’en foutent pas mal. Comme celui de spectateur, de scène, ou encore de représentation. Et après que tous les codes connus et éprouvés aient sauté, il y a encore celui du sens – ultime noyau de cohésion – qui semble quelque peu branlant. Pourtant, le pari d’« Everything fits in the room » n’est ni raté ni vain. Il est unique en son genre.
C’est d’abord et avant tout une question d’espace au sein duquel circulent des énergies. Érigé en diagonale : un mur. Impossible d’embrasser le lieu d’un seul coup d’œil : le public abandonne automatiquement toute passivité à son seuil pour pouvoir – devoir – se déplacer autour de ces briques cimentées. Simone Aughterlony, ses invités ainsi que les deux musiciens DJs, sont en mouvement constant, tissant une étrange polyphonie des corps et des voix en incessante création. Il ne s’agit pas de construire un sens narratif plus ou moins continu, mais, plus simplement – voire viscéralement – de mettre en jeu des sommes d’actions, des formes de collisions, des trajectoires de désirs, des pulsions mouvantes.
Ici et là se trouvent placés des objets disparates avec lesquels ne cessent de jouer les artistes : accessoires variés, liquide et éléments naturels, etc. Les odeurs franches de différents matériaux – pamplemousse, cannelle, sapin, cuir, café – soulignent l’aspect primaire de leurs gestes, renforcé par une urgence vitale d’exister à travers le mouvement, la permanence du faire et le souci du détail. De gré ou de force, depuis l’ambiance Berghain jusqu’au rituel païen, de l’esthétique hardcore à celui du partage simple et amical : tout cohabite ensemble.