© Elena Olivo

Jeanne Balibar prête sa voix aux travaux historiographiques et féministes de Charlotte de Castelnau-L’Estoile, Anne-Emmanuelle Demartini et Emmanuelle Loyer. L’actrice s’amuse ainsi à devenir une sorte de conteuse, jouant avec l’espace qui sépare et lie tout à la fois le trio de plumes féministes et les récits de femmes que ces dernières rapportent. Le reprisage des trois textes est un acte difficile et forcément partial ; Jeanne Balibar ne s’embarrasse pas d’une mise en scène superflue mais choisit plutôt de s’appuyer sur un petit bureau d’universitaire, mélangeant encore un peu plus les masques ici convoqués. Le résultat ne semble pas armé d’une puissance flamboyante et révolutionnaire mais, dans le cocon quelque peu embourgeoisé de ce néo-salon intellectuel improvisé, la voix de Balibar, toute tâchée d’encre, sait toujours aussi bien charmer. C’est elle que l’on aime à voir se multiplier sur scène, comme un livre dont les pages s’ouvriraient en éventail, passant d’une ligne à l’autre avec précision et assiduité.