(c) Othello Vilgard

C’est avec grâce et simplicité que l’Ensemble Diderot offre une adaptation du chef d’œuvre de Purcell, pourtant maintes fois revisité. Le travail de mise en scène se plaît à superposer les références, sans pour autant renoncer à une forme de sobriété particulièrement efficace ici pour infuser la force allégorique de cette courte forme opératique. Un simple jeu de voiles parvient tantôt à figurer l’enfermement d’un palais, tantôt les enfers, tantôt la voile d’Enée reparti sur les flots. Les éléments d’emprunts de costumes propres à l’époque élisabéthaine renvoient aussi au répertoire shakespearien (pourtant anachronique), auquel le librettiste Nahum Tate reprend quelques citations dans un prologue inédit. Le spectacle offre ainsi une plongée dans les grands mythes du baroque anglais, et progresse avec brio jusqu’au « tube » ultime que constitue la mort de Didon. Johannes Pramsohler dirige tout en douceur et en nuances l’Ensemble Diderot et le Chœur de Paris, auquel on accordera une mention spéciale pour sa jeunesse et son talent.