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Quai Malaquais, la brise parisienne s’engouffre dans le Palais des Beaux-Arts et semble venir saluer les œuvres de Nairy Baghramian, s’enroulant autour de ses sculptures comme un ruban qui enserre les jouets d’enfants. Deux souffles se rencontrent alors. Souffle de la ville et souffle des œuvres se rejoignent sans pour autant se confondre. Le caractère organique de l’œuvre de Baghramian est évident. Ce n’est pas tant un lien spatial – une continuité géographique – qui unit les pièces que ce lien pneumatique. Grâce à des étaux géants, les pièces se rapprochent et la violence des formes discute avec le visiteur. Cette orthopédie artistique ajuste le jeu qu’il y a entre les pièces, les morceaux, comme pour soutenir l’idée d’un monde intrinsèquement fragmentaire, jamais unique. Jusque dans le chromatisme, les éléments crépitent, s’agitent et la laque – sédiment contemporain – paraît se gonfler comme un goitre vagissant. Lissé, opaque, autant d’adjectifs qui se mettent à parler du vivant ; au tour des grandes pièces rectangulaires couchées à terre de nous évoquer le « galet » de Ponge faisant des œuvres de Baghramian un objet philosophique exemplaire.