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“Avec Grace” demeure à l’état d’ébauche. Pourtant les idées ne manquent pas. La première, se servir des “Bonnes” de Genêt… Sauf que… si elles campent des personnages et justifient quelque peu l’utilisation des robes, elles sont en deçà d’une relecture, et il nous est difficile d’en tirer les fils. Dès le départ la question du pourquoi surgit. La seconde bonne idée tient dans les costumes eux-mêmes qui s’outrepassent et deviennent robe-sculpture ou baskets-sculptures savamment recouvertes de débris de porcelaine. En soi ça pourrait marcher, on aimerait que ça marche car on sent qu’on s’est donné du mal. Mais on demeure là aussi dans l’étalage ou l’« accessoirabilité » plutôt que dans la création de sens. Troisième très bonne idée, les deux comédiennes. Toutes deux douées, même si le duo est parfois bancal, leur talent est indéniable, voix, charisme, présence, tout est là, et on se réjouit d’avance de les revoir ailleurs. Mais trop souvent leurs actions réactivent le pourquoi sous-jacent qui décidément ne veut pas se mettre en veille et nous titille tout du long. Il manque la sauce qui lierait le tout et sortirait “Grace” de son immaturité dramaturgique, de son adolescence. Il manque l’exigence et le focus nécessaires au surgissement du sens.