© Laurent Schneegans

Hétérotopie théâtrale bâtie sur des planches brutes, « Cavalières » met en volume la correspondance de quatre femmes dans une forme qui saute sans cesse de l’épique au dramatique. Faisant de l’équitation une image à la fois matricielle et discrète, qui gambade dans le spectacle sans jamais allégoriser et surplomber les parcours singuliers des quatre protagonistes, Isabelle Lafon réussit à composer une fable aussi sororale que polyphonique. Celle-ci s’encombre toutefois de quelques monologues à la bonne conscience trop audible, d’effets lumineux qui gâchent sa beauté rudimentaire, et se contente d’un régime théâtral globalement trop narratif. Il manque en effet à l’interprétation juste et efficace des quatre comédiennes une épaisseur performative pour que le galop existentiel raconté par la fable se mue en véritable énergie théâtrale.