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Un slam au milieu des décombres pour à la fois témoigner et raviver cette période de non-vie qu’a été pour tous la pandémie. Laure Catherin pose ses mots sur la précarité étudiante, sur la détresse psychologique, sur le découragement devant l’immensité du marasme. Comment inventer une forme de vie qui, même virtuelle, réchauffe ? Comment faire à nouveau collectif ? Si dans l’imaginaire commun, l’université était le lieu de l’élite, elle résonne aujourd’hui comme un repère de fainéants, islamo-gauchistes ou simplement paumés, une jeunesse à la dérive qui pèse lourd mais ne sert plus à grand chose. Dans un monologue parlé-chanté, c’est toute la puissance politique d’une jeunesse qui reste debout, avec ses faiblesses et ses enthousiasmes, qui se ressent crûment. Si nous avons capitulé devant l’avenir, si l’horizon est un joli mot réservé désormais aux recueils de poésie, le monde étudiant n’a plus lieu d’être et surtout n’a plus de place pour s’exprimer. Fermons les universités. A quoi sert le savoir ? Le plan de la dissertation en trois points se dessine sur le mur en fond de scène, nous assistons tel un jury de thèse à un exposé inspiré de la situation. Brillamment accompagné musicalement par Raphaël Mars, l’autrice nous happe dans son flow, nous raconte par le menu les épiceries solidaires et les distributions sans fin, les olympiades sur le web créatrices d’objectifs et de liens, toutes ces initiatives, telles des bouées pour rester à flot. Le constat est amer, beaucoup n’ont pas résisté à cette traversée houleuse et au-delà des conséquences des confinements respectifs c’est bien l’image symbolique de l’université qui est en question. Laure Catherin parvient par son écriture – hommage aux poèmes percutés d’Allen Ginsberg qui donne son titre au spectacle et inspiration “De la démocratie en Pandémie” de Barbara Stiegler qui l’innerve d’une pensée politique – à entamer collectivement une thérapie post traumatique et à laisser une trace, à vif, des injustices et des douleurs lancinantes causées par un manque de considération des pouvoirs publics de la cause étudiante.