Cinquante nuances de vert

Le Palace de Rémi

(c) Samuel Charles

Dans le palace de Rémi, Ferdinand et Juliette boivent de la menthe à l’eau et rêvent de devenir des stars de la musique. Dans le palace de Rémi, Ferdinand et Juliette ont de grands projets : faire un « album-monde », recensant toutes les émotions humaines en musique, ou même encore faire un album entier par émotion. Mais les deux compères, qui vivent avec des plantes musicales aux noms suggestifs et dotées chacune d’une personnalité bien à elle – Stigmate au passé difficile, Lino la plante en plastique –, ont bien peur de sortir de leur palace… La compagnie Laïka nous embarque dans un univers musical loufoque, où les deux personnages principaux tentent de compenser leur agoraphobie en nous invitant dans leur royaume aux cinquante nuances de vert, où le désespoir prend la forme d’un air joué au mélodica et où la peur du monde se conjure par la construction d’un palace – qui n’a de palace que le nom – fait de bric et de broc, cabane de fortune censée résister aux assauts du monde. Nous voilà attendris par ces deux Robinsons sublunaires, semblant sortir tout droit d’un film de Truffaut ou de Tati et portés par deux jeunes musiciens de talent (Ferdinand Niquet-Rioux et Juliette Hubert), à la fois interprètes et compositeurs de la musique du spectacle. Rejouant l’éternel combat entre le monde imaginaire dans lequel on voudrait parfois vivre et l’implacabilité du réel qui revient toujours se rappeler à nos esprits et avec lequel il faut composer (ici dans tous les sens du terme), « Le Palace de Rémi » nous livre une jolie fable musicale, douce-amère, qui se laisse regarder avec beaucoup de légèreté et de plaisir.